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Histoire vécue : Les raisins

Tout modestes et plissés qu’ils soient, ces raisins-là ont une histoire.
Ils sont nés sur une grappe, comme le font tous les raisins du monde depuis Noé et même avant. La grappe était chez Laurent et pour un peu je serais passée sans la voir. Mon cabas était plein de belles et bonnes choses aux formes rebondies et aux couleurs harmonieuses que je destinais à ma corbeille à fruits, sur le buffet de la salle à manger.

Pendant que Laurent pesait pommes et noix, je furetais à la recherche de ce qui pourrait venir avec bonheur couronner ma corbeille.

Et je l’ai vue, elle, LA grappe, dorée, lumineuse, inattendue en cette fin de novembre alors que les vendanges étaient finies depuis longtemps et que même la fête du Beaujolais nouveau n’était plus qu’un souvenir.
De retour à la maison je suis allée, comme j’en ai l’habitude, cueillir quelques feuilles de laurier et de thuya et j’ai commencé à installer mes conquêtes dans la grande coupe de Malicorne, comme on fait un bouquet pour que les formes et les teintes se mettent en valeur les unes les autres. En point d’orgue j’ai déposé la grappe.

Les jours ont passé, je grignotais de temps en temps une clémentine, une pomme, une banane. Mais je n’osais pas toucher le moindre grain de raisin tant je voulais conserver le plus longtemps possible cette rareté tardive. Le raisin a commencé à sécher, sans la moindre moisissure, sans une trace brune sur un grain qui aurait trahi un début de pourriture, pas du tout noble, celle-là, alors qu’on ne cesse de vanter les mérites du botrytis. Rien, aucune altération, seulement les grains qui se flétrissaient doucement en prenant une belle couleur d’ambre sombre.
Quand ils ont été tout à fait secs, je les ai mis dans un pot et rangés dans le placard à pâtisserie avec l’intention d’en faire un jour quelque gâteau de semoule ou un cake.

Le printemps est arrivé, puis l’été, l’automne est revenu mais de gâteau, point. Je n’avais pas oublié les raisins, il se trouve simplement que l’occasion de les utiliser ne s’était pas présentée.

A Noël, l’idée s’est imposée : j’allais les mettre à tremper dans du rhum pour en fourrer des truffes créoles : un grain au milieu d’une truffe pocharde.

Au Jour de l’An, j’ai pris le grand saladier que je laissais reposer au frais depuis quelques jours, rempli d’une pâte de chocolat à laquelle j’avais mélangé toute une bouteille de rhum vieux et j’ai commencé à façonner les truffes.
Tant qu’il s’est agi de piocher une cuillerée de chocolat et de la déposer sur son lit de sucre glace, tout allait bien. Les choses se sont corsées quand j’ai voulu mettre un grain de raisin au milieu de la truffe. Impossible de l’enfermer. Il glissait, pleurait ses larmes de rhum, s’échappait. Ces grains, qui avaient été si sages depuis plus d’un an, soudain se rebellaient.

Alors je vous suggère une façon de les amener à la raison :

1 – prenez une truffe,

2 – coiffez-la d’un grain de raisin

3 – croquez le tout.

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